Cogolin Forum

Comment penser Cogolin en ville durable?

Un nouveau défi pour les dirigeants, les urbanistes et les aménageurs.

Une question passionnante mais pas si simple, avec pièges et contradictions.

A la lecture d’un article de Jean FREBAULT (Lyon), je souhaite vous faire part de mes convictions et de mes doutes qui nourrissent mon souhait que Cogolin aille de l’avant dans ce monde en mutation.

Le développement durable à l’échelle urbaine doit tenir compte de plusieurs points importants :

1) Le développement durable dépasse la seule dimension environnementale.
Il donne la même importance à l’équité sociale et au développement humain, à la dimension économique, à la gouvernance et l’implication citoyenne.
Les enjeux majeurs que sont le changement climatique et la raréfaction des ressources de la planète doivent nous rester bien présent à l’esprit car ces enjeux mettent les acteurs du développement urbain et la population face au défi de faire accepter la nécessité de changer la façon de concevoir la ville, de même que la vie à l’intérieur de celle-ci. Défi duquel découle l'obligation de changer la priorité des orientations budgétaires et d'innover en terme d'ambition et de gestion pour le futur communal.
Nous n’en prenons pas suffisamment conscience aujourd’hui mais gouverner est anticiper demain. Et demain sera bien différent si on s’en réfère aux experts qui malgré leurs nuances prédisent les mêmes constats d’augmentation de la température, de raréfaction des matières premières énergétiques et de l’eau. Ce à quoi il faut ajouter les problèmes financiers liés aux modifications politiques, au changement sociétal qui s’effectue et à l’avenir incertain qui s’annonce. Vous me trouvez peut-être pessimiste mais c'est malheureusement ce que l'avenir a de fortes chances de confirmer !

Les territoires urbains et périurbains constituent donc une part très importante des enjeux environnementaux, notamment en matière d’émission de gaz à effet de serre et de performance énergétique, de nuisances et de risques.
Cependant, une contradiction apparaît : Dans la concurrence interurbaine, la performance et l’attractivité des villes et agglomérations jouent un rôle non négligeable dans le développement économique et l’emploi avec leur cortège de nuisances environnementales.

A cela, il faut dorénavant prendre en compte d’importantes mutations sociétales en matière d’évolutions démographiques (recompositions familiales, vieillissement…) de modes de vie et pratiques de mobilité, et aussi de progression de la précarité et de la ségrégation sociale et spatiale... sans oublier la crise du logement qui, mal anticipée, a pris l’ampleur que l’on sait et engendre de nouveaux besoins. La montée des prix fonciers est autant préoccupante que celle du coût de l’énergie. Il faudra bien qu’un changement de mentalité s’opère et qu’un nouveau choix de société apparaisse si on ne veut pas qu’un clash social ne se produise par l’inexorable aggravation de la fracture socio-économique.

2) L’entrée « territoires » au cœur de la démarche.
Il ne faut plus traiter les problèmes sectoriellement. Il faut promouvoir une démarche « intégrée » qui tient compte des différents domaines d’action, de leurs synergies et de leurs contradictions.
Il faut s’appuyer sur les différents leviers interdépendants que sont l’organisation urbaine, l’urbanisme et l’aménagement, la gestion du territoire, le comportement des entreprises, les modes de vie des habitants (choix de consommation, de mobilité, de mode de déplacement..) et leur engagement citoyen, la démocratie participative car on ne peut réussir de nouvelles orientations et réalisations sans l'aval des personnes concernées par ces nouveaux projets et actions.

Je ne crois pas que la gouvernance actuelle pense réellement à l’amélioration de la performance énergétique et pourtant ça devrait être une de ses fonctions et ce le sera d’autant plus à l’avenir car l’amélioration de la performance énergétique se pense non seulement à l’échelle du bâtiment mais aussi à celle du quartier et des futurs développements urbains.
pour exemple : Agencement des bâtiments favorisant l’ensoleillement, conception d’espaces publics prenant en compte le cycle de l’eau et la perméabilité, favorisant les « modes doux » de déplacement, le lien social et les lieux de vie, le traitement harmonieux des rapports entre le bâti, l’espace végétal et la nature, choix réfléchis des densités et modes de consommation d’espace, coordination des systèmes de transports en commun et des localisations respectives de l’habitat, de l’emploi et les services, organisation de la diversité sociale aux différentes échelles, etc.…
Tous ces points font partie des thèmes prioritaires pour demain.
Le développement durable est l’occasion d’ouvrir une vouvelle conception de la ville, de permettre le choix d’alternatives démocratiquement débattus, de favoriser les comportements éco-responsables et les pratiques de développement durable.
C’est pour nous tous l’opportunité de redonner sens à l’action publique face aux grandes questions de société qui s'annoncent.

3 ) La dynamique urbaine pour faire la ville durable.
Evitons de faire du développement durable une nouvelle strate conventionnelle qui viendrait se surajouter aux diverses politiques urbaines passées.

En effet, faut-il penser l'urbanisme dans son côté social qui conduit au gouffre ou, à l’inverse, faut-il penser à un urbanisme totalement libéral qui nous a monté vers des extrêmes desquels on chute à présent?
Ne faudrait-il pas plutôt penser un urbanisme où les deux orientations s'imbriqueraient et se développeraient de manière intelligente et non pas opposées?

Préconisations pour un urbanisme responsable :

1) le développement durable doit être l’occasion de stimuler l’intelligence collective et l’imagination de tous les acteurs : pouvoirs publics, professionnels, acteurs économiques, citoyens, et de les mettre en situation de coproduire ensemble des projets de qualité…Une démarche plus efficace que celle de normes imposées, toujours réductrices et déresponsabilisâtes (hors questions strictement techniques bien entendu).

2) La maîtrise de l’étalement urbain doit faire partie des priorités.
L’étalement urbain existe aussi dans les pays voisins, mais son ampleur en France semble battre tous les records et renvoie à une réalité en plein décalage avec les intentions exprimées.
Comment accueillir un rythme annuel plus élevé de logements tout en étant soucieux, plus que dans le passé, d’économiser l’espace, l’énergie et les ressources.
Il est pour cela nécessaire à la fois de renouveler et densifier la ville existante et de développer les territoires périurbains, en privilégiant des formes intensives préservant des espaces verts plutôt que l’urbanisation diffuse et éclatée.
L’action est à développer sur plusieurs registres, notamment :

1) développer une gouvernance et une planification intercommunale aux bonnes échelles, celle des grands territoires

2) ne plus autoriser des densités trop faibles en dessous d’un seuil qui rend quasiment indesservables par transports en commun les extensions urbaines, et cordonner systématiquement le développement des transports en commun (communal, intercommunal et départemental) et localisation de l’habitat et de l’emploi
Promouvoir des lotissements combinant aménagement et « ménagement » des territoires (valorisation des espaces naturels et du patrimoine paysager), développer des formes variées d’habitat intermédiaire entre le « tout individuel diffus » et l’image de ville compacte, développer une organisation urbaine multipolaire favorisant les centres de vie et la mixité sociale et urbaine

3) La notion de densité, qui fait souvent peur, ne peut être acceptée que si elle est associée à des valeurs positives et à des avantages comparatifs, de qualité urbaine, de nombreuses aires de parking pour favoriser d’autres modes de déplacement, de proximité des transports en commun, équipements et services, de proximité forte de la nature.
Un travail pédagogique avec les habitants, les professionnels, les aménageurs, la gouvernance, exemples positifs à l’appui, est à mettre en place rapidement.

4) L’environnement est de moins en moins vécu comme une contrainte subie, mais comme le moteur de nouvelles dynamiques.
Un basculement est attendu chez les acteurs économiques, les entreprises ou les développeurs immobiliers, soucieux dans ce nouveau contexte de ne pas investir dans des produits qui pourraient être obsolètes dans quelques années.
Les inquiétudes sur l’avenir de la planète ouvrent un vaste champ de créativité (150000 emplois envisagés dans les années qui viennent) et d’imagination, tout aussi éloigné des attitudes sceptiques que des injonctions parfois entendues visant à imposer des solutions toutes faites comme par le passé mais aussi actuellement.
Cette ouverture à l’innovation concerne de nombreux domaines, les technologies, les processus, les comportements humains, l’organisation des territoires, la place de la concertation.
Pour les professionnels de l’aménagement, architectes, urbanistes, paysagistes, aménageurs et opérateurs, agents de l’Etat et des collectivités, c’est l’opportunité de réinterroger les concepts et les pratiques, la façon de travailler ensemble, de développer de nouvelles formes de travail interdisciplinaire et une large ouverture, qui va du monde scientifique à la société civile, bref de construire une nouvelle culture de la ville et de quelle vie à l'intérieur de cette ville.

Des exemples existent en France comme ailleurs dans le monde. Ce n'est pas facile, cela ne se fait pas en un coup de baguette magique, ni en quelques mois, je le conçois. Mais cela dépend avant tout d'une volonté affichée, d'une motivation réaliste et active et d'un dirigeant capable de manager son équipe dans ce sens des nouvelles contraintes climatiques, financières et surtout sociétales.

Vous me prenez certainement pour un idéaliste disjoncté du bulbe et déconnecté de la réalité. Peut-être mais peut-être pas!
Je vous donne rendez-vous en 2014. D'ici là, un peu plus de quatre années seront passées. Soit, ce qui se passera laminera mo propos et je me serai fait mon film catastrophe, selon l'expression convenu; soit, les évènements dont je parle se mettront en place et vous serez à même de juger de qui avait raison quant à l'anticipation des problèmes.

Explorez les médias, Allez à la recherche d’informations bioclimatiques et économiques multiples et diverses. Regardez ce qui se passe depuis des années et des années dans tant et tant de villes, grandes ou petites, dans le monde et comparez avec ce qui ne s’est pas fait et qui malheureusement, ce qui ne se fait toujours pas dans notre nombril Golfe de Saint-Tropez.

« Tout va très bien madame la marquise » semble chantonner les 12 dirigeants du Golfe, qui, je vous rassure, n’ont rien avoir avec le célèbre western.

Qui a raison ? La personne qui prépare le futur ou celle qui s’accroche au passé ?
Qui a raison ? La personne qui est dans le TGV ou celle qui le regarde passer ?

Bien sûr, il y a la sagesse du père de famille qui vous dit qu’il gère bien le temps présent. Mais, peut-être que cette prudence est à l’image des trois singes de la sagesse :
Il se bouche les yeux pour ne pas voir le mur dans lequel on va.
Il se bouche les oreilles pour ne pas entendre le concert des signes avertisseurs.
Il se met la main devant la bouche pour ne pas dire ses choix pour quel Cogolin demain.

JANUS

 

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20/04/2024





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