L'époque romaine
Texte tiré du livre :
Notre Provence
par F. Garrigue et A. Vérola
La Provence Romaine
I. ROME ET MARSEILLE ALLIEES
Au cours du IVème siècle av. J.-C, les Celtes, venus du Nord, se mêlent aux Ligures.
De petits Etats celto-ligures se forment. Ils comprennent deux villes, l'une commerçante et paisible, située près d'un fleuve ou sur une route, l'autre qui la domine et la protège.
Arelate (Arles), sur la rive gauche du Rhône, devient le premier port du pays celte, sans toutefois concurrencer Marseille. Le voisinage de ces peuples encore à demi-barbares constitue un danger permanent pour les Marseillais. Afin d'y parer, ils s'allient aux Romains. Cette alliance ne tarde pas à être efficace :
à deux reprises, Rome est secourue par Marseille qui, tantôt lui donne son trésor, tantôt met à sa disposition des vaisseaux et des soldats.
En revanche, lorsque les peuples voisins assiègent ses colonies de Nice et d'Antibes, Marseille fait appel à Rome qui accourt pour délivrer les deux villes.
II. LES ROMAINS S'INSTALLENT EN PROVENCE
Les Romains venant secourir une seconde fois Marseille en profitent pour s'installer en Provence (125-122 av. J.-C).
Leur chef Sextius fonde Aquae-Sextiae (Aix) où se trouvent d'abondantes sources d'eaux chaudes et d'eaux froides. Les Romains ne laissent aux Marseillais qu'une petite bande de terrain large de 2 km environ tout le long de la côte, depuis l'embouchure du Petit Rhône jusqu'à Monaco. Les Romains civilisent rapidement toutes les populations qui sont sous leur domination. En quelques années, ils construisent des villas, de belles maisons, un réseau de routes reliant le Rhône aux Alpes.
Les Provençaux ne tardent pas à adopter leur costume et leur langage.
Les mœurs s'adoucissent. Cette organisation rapide et bienfaisante sauve notre pays de l'invasion des Cimbres et des Teutons. Ce sont des bandes de pillards qui, venues de Germanie, envahissent toute la Gaule. Ces hordes barbares dévastent et pillent les contrées qu'elles envahissent, rien ne leur résiste. Elles franchissent les frontières au grand effroi des Romains et leur infligent plusieurs défaites dans les plaines du Rhône.
Le général romain Marius est chargé de repousser l'envahisseur. Il installe ses armées dans la Crau. En attendant l'heure de la bataille, il fait construire à ses soldats un canal gigantesque reliant Arles à la mer, les Fosses Mariennes. Les inondations du Rhône ont détruit ce canal, toutefois il a donné son nom à Fos, situé à son embouchure.
En 102 av. J.-C, Marius va au devant de l'armée teutonne installée sur les bords de l'Arc, à quelques kilomètres d'Aix. Dans une grande bataille, les Teutons sont anéantis.
Le nombre des morts est tel « que l'on peut voir plusieurs années après les habitants de la plaine enclorent leurs vignes avec des haies faites d'ossements humains » (Plutarque).
Le village élevé sur le lieu même de la bataille s'est appelé Pourrières (rapprocher pourrir).
La montagne où Marius a construit ses retranchements est devenue la montagne de la Sainte-Victoire.
Dès que les dangers de l'invasion sont écartés, la domination romaine s'appesantit sur la Provence.
III. LES ROMAINS PRENNENT MARSEILLE
Lorsque les deux consuls romains Pompée et César luttent pour le pouvoir, Marseille prend le parti de Pompée. Cette préférence va être la cause de sa perte.
César arrive en Provence avec dix légions (60.000 hommes), assiège Marseille. Il l'écrase après une lutte héroïque de six mois.
Elle perd ses domaines, sa flotte, son trésor et ne conserve que sa banlieue immédiate et le titre de cité libre.
Non seulement elle se trouve ruinée, mais encore César outille le port de Fréjus pour lui faire concurrence.
Pendant quelques années, la Provence, colonie rebelle, subit la dure domination romaine. Mais bientôt, elle est considérée comme une province de l'Empire (Provence dérive de Provincia Romana). Alors, elle devient très prospère.
Marseille se relève de ses ruines grâce à son commerce.
C'est un grand port possédant une flotte importante. Les arts et les sciences y sont à l'honneur et elle possède une Université réputée.
Des Provençaux s'illustrent dans la littérature romaine, d'autres sont célèbres par leur science. C'est l'époque du progrès, de la civilisation, l'époque de la « Paix Romaine ».
Des monuments s'élèvent un peu partout, dont il reste encore de nombreux vestiges.
Des routes sont construites, si solides que vingt siècles ne pourront les faire disparaître totalement.
L'agriculture se développe.
Plus tard, au IVème siècle, l'empereur romain Constantin, puis son fils Constance, viennent habiter Arles surnommée la « petite Rome des Gaules » ; c'est la plus belle époque de l'histoire de cette ville.
IV. LE CHRISTIANISME EN PROVENCE
D'après la tradition, les disciples du Christ ou leurs envoyés auraient évangélisé notre pays. Ainsi, c'est Trophime qui aurait été dépêché à Arles par saint Pierre lui-même.
En l'an 48, dit la légende, une barque sans voiles ni rames amène sur le rivage des Saintes-Maries de la Mer, Lazare, ses sœurs Marthe et Marie-Madeleine, l'Egyptienne Sara
leur servante, Maximin et Sidoine. Aucun document ne nous prouve l'authenticité de cette jolie légende. Toutefois, nous savons que les premiers chrétiens apparaissent cette année-là. Les persécutions commencent peu après et les martyrs sont très nombreux. Les plus connus sont Victor et Lazare à Marseille, Genès à Arles, Pons à Cimiez.
Dès le IIème siècle, des associations religieuses existent malgré les persécutions qui durent jusqu'à la conversion au christianisme de l'empereur Constantin (313). Ce dernier devient le protecteur de la chrétienté qui fait de rapides progrès.
Il assiste en Arles au premier concile. Il essaie de détruire le paganisme et fait disparaître en Provence l'usage des sacrifices humains des païens à leurs idoles.
Sur les ruines des temples païens abandonnés, des églises s'élèvent et les premiers couvents, les premiers monastères se construisent :
abbaye de Saint-Victor et couvent de Saint-Sauveur à Marseille,
monastère des îles de Lérins (Vème siècle).
Le christianisme, devenu religion officielle, se substitue peu à peu à l'Empire romain décadent tout en conservant la même organisation.
Arles se trouve à la tête du monde chrétien. Par la suite, la puissance de l'Eglise s'accroît sans cesse. De nouveaux édifices religieux sont érigés sur le sol provençal :
abbaye de Montmajour et deux autres en Camargue. Plus tard, d'autres se fondent à Notre-Dame de Lure (VIIIème siècle), puis à La Celle et à Brignoles.
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